MONASTERIO

Curieux parcours que celui de cet artiste catalan né à Barcelone en avril 1930, arrivé à Paris en avril 1956 et décédé dans le Tarn en avril 1994 !

Curieux parcours artistique car sa formation première de photographe l’a amené à une peinture tout autre que figurative. En effet, on pourrait considérer que ses premières peintures ont été faites avec du révélateur sur du papier photo sensible, à l’aveugle, dans une écriture quasi automatique.
Cette technique tout à fait originale lui a suscité une dédicace de Man Ray : « Monasterio, c’est bien le nom d’un sorcier moderne qui fait de l’alchimie à l’envers. A l’envers de ceux qui font de l’or avec de la peinture – Monasterio fait de la peinture avec de l’or, avec de l’argent liquide ».
Ainsi, à la recherche de représentations proches des taches, des mondes et personnages qui hantaient ses photos, Monasterio est venu à la peinture, une peinture sans concession, caractérisée par Louis Pauwels dans le premier numéro de Planète de « réalisme fantastique ».

Curieux parcours humain et professionnel aussi, qui l’a vu fréquenter et travailler avec les plus grands, tels Man Ray ou André Breton qui lui consacrera la couverture du numéro 1 de La Brèche, ou encore Topor, Arrabal et Jodorovsky avec qui il créera le groupe « Panique » ; parcours qui lui a ouvert les portes des meilleures galeries parisiennes et les pages de Fiction ou Planète. Parcours enfin qui le verra s’exiler dans le Tarn après avoir été excommunié par le même André Breton qui lui avait ouvert ses bras.

« Archange moderne » ou « illusionniste fantastique », Monasterio, par ses techniques toutes personnelles, définit les raisons et donne l’essor à un nouvel art figuratif. Ange ou démon, il n’a pas fini de nous surprendre et de nous émerveiller.

François Garnier)


« Je porte la responsabilité d’avoir engagé Monasterio à peindre. Dans l’hiver de 1962, il vint à Planète me montrer ses admirables photographies non figuratives, cousines des taches d’encre de Hugo, miroirs noirs où se reflétait l’instant entre la décomposition des formes et leur recomposition dans un univers parallèle, pièges à rêveries alchimiques. Quelque chose de diabolique dans l’habileté inconsciente n’avait pas échappé à Man Ray. Une certaine qualité de sauvagerie mystique n’avait pas échappé à Breton. Pourquoi ai-je, en quelque sorte, intimé à Monasterio l’ordre de peindre ? J’étais poussé. Je me sentais agir par délégation. Il fallait. Il y allait, me semblait-il, de la vie de cet homme au beau visage habité, qui atteignait à ce moment un point limite. Il allait mourir, ou bien mourir pour renaitre. Je m’agitai, sentant que ce qui s’agitait en moi était l’une des figures de son destin. »

Louis Pauwels


HYDROMANCIE
« Ce n’est pas tous les jours que l’on découvre une étoile ou une planète nouvelle. J’ai juré que le prochain astre qui se présenterait à moi s’appellerait Monasterio. Et il est passé, lentement, devant moi, avec ses boules de neige et ses fleuves fixés comme de la pierre la plus dure.
Voici un satellite qui vous salue et qui reviendra. »

MAN RAY

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