Exposition Graziella BERTANTE et Andrea MONTIN

9 avril 2010 - 22 mai 2010

En 1984, Lella Bertante présentait une exposition intitulée « Histoire de femmes » où, de manière décisive pour les années futures, elle imposait le « topos » figuratif de la jeune femme aux formes généreuses, expansées, dont le corps hypertrophié s’offrait ingénument au spectateur. Les terres cuites polychromes de cette époque représentaient une métaphore de la féminité ; elles étaient en quelque sorte de lointaines et aimables parentes des Vénus du Paléolithique, même si ces dernières – contrairement à celles de Lella – tendaient à l’abstraction, à faire prévaloir les volumes et les lignes sur l’identité « réaliste » de l’anatomie.

Le fait d’avoir délibérément choisi le motif de la « grosse femme » ressort , me semble-t-il, de deux ordres d’explication :
Le premier, pratiquement insondable, appartient à la sphère de l’existentiel : une identification profonde au mystère de sa propre féminité, la revendication – du reste sans le moindre tourment apparent – de ce que l’on pourrait définir comme la « dignité poétique » d’être femme, avec ses mille et une facettes. Le deuxième, sans doute plus évident, concerne la propension spontanée d’une femme sculpteur à faire surgir dans l’espace de « beaux volumes », le plaisir méticuleux qu’elle éprouve à lisser la glaise, à faire glisser la lumière sur les surfaces de la manière la plus expressive, etc.

Autrement dit, les formes amples, arrondies, rebondies de ses personnages naissent tout naturellement de ses mains (s’est-on jamais vraiment demandé pourquoi un Maillol créait des sculptures de femmes plantureuses plutôt que maigres ? ou pourquoi Picasso, au début des années Vingt, peignait ses extraordinaires figures féminines aux formes junoniennes ?), tout simplement. (Marc Le Cannu)

Combien y a-t-il d’inexploré dans chacun de nous ? Combien de possibilités ? Combien de mondes et de façons de les exprimer et les affronter ? J’ai pensé à cela en regardant les œuvres récentes d’Andrea Montin. A la théorie de l’œuvre ouverte qu’il applique avec sa peinture, en récapitulant, comme lui aussi il nous explique, son vécu artistique et dans le même temps en donnant forme, couleur et matière au vécu en général, entendu comme une récapitulation continue et une découverte.

Les nouveaux “matériaux picturaux” que l’artiste utilise dans ces œuvres, des pans de toiles anciennes qui portent encore les marques des anciens clous, aux lames en fer rouillé, aux morceaux d’ostensoirs martelés, aux cabochons de livres anciens, aux retailles de gravures, aux pièces d’étoffes précieuses, viennent à coexister sur la même surface du tableau avec de vieux travaux de l’artiste et de nouvelles figurations, dans un jeu de renvois et de contrastes qui donnent le sens de la vie et de son incessante mutation.

Avec une vigueur renouvelée et un enthousiasme qui parait de ses toiles et qui se transmet à l’observateur, Montin retourne sur les routes parcourues jusqu’à maintenant le long de son chemin artistique, en reprenant en main de vieux travaux qui remontent à sa première période abstraite, à celle de l’écriture et à la période la plus récente, celle figurative, en les retravaillant entre eux et avec d’autres éléments pour donner vie à des œuvres de fort impact chromatique. (Caterina Caravaggi)

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